Chapitre 1

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“Quel est l'avenir du futur ?”

Maddy venait d'afficher sa nouvelle vidéo sur la page d'accueil de sa chaîne You Tube “A.S.M.R”.
La jeune femme hésita un instant avant de lire les derniers commentaires envoyés par ses followers.

Mal lui en prit.
Malgré les nombreux encouragements, remerciements et félicitations, son beau regard ne put s'empêcher de se focaliser sur les avis négatifs, se transformant parfois (souvent) en insultes :
“Mare de toute cette pornographie...”
“Maddy, la salope qui surfe sans culotte !”
Sur certains, les menaces devenaient plus radicales :
“Nous savons où tu habites...”
“Les putes, on les viole !”
Les larmes aux yeux, la jeune femme, de rage et de souffrance difficilement maitrisée, serra les poings.

Au même moment, dans le petit appartement mitoyen, Alan fut jeté au bas de son lit, torse nu, par un horrible cauchemar.
Ne retrouvant pas le sommeil, l'esprit encore occupé par de terribles images, le jeune homme se connecta sur un site web qu'il affectionnait tout particulièrement.

— Dieu, que cette femme est belle... s’émerveilla-t-il dans un murmure.
Une bouffée de chaleur souleva son plexus et envahit ses poumons.
Il porta la main à sa poitrine : son cœur y battait encore beaucoup trop fort. L’horloge de son computer indiquait à peine quatre heures du matin.
Trop tôt pour partir au boulot et trop tard pour essayer de se rendormir. Quelle horreur ce cauchemar ! Il s’épongea le front et le torse.

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Au fil des heures d’insomnie et de veille solitaire devant son écran plat, la belle blonde qui envahissait l'image de son buste trop lourd était sans aucun doute devenue l’une de ses préférées.
La respiration du garçon se calma peu à peu.

À présent, la jolie fille titillait du papier bulle en le froissant de ses longs doigts fins aux ongles vernis de rose extra brillant. Elle s’amusait à faire crisser le tissu de plastique. Le son était capté par les microphones binauraux et stéréophoniques qu’elle avait placés devant elle. Alan le recevait par le biais du casque audio sans fil et haute fidélité qu’il avait sur les oreilles.

C'était comme une douce caresse en stéréo qui s’infiltrait dans son cerveau par le chemin des conduits auditifs. Cela déclenchait au sommet de son crâne des picotements et des frissons très agréables qui descendaient ensuite le long de sa colonne vertébrale puis venaient se lover dans le creux de son ventre tels des reptiles amicaux et chaleureux.

Un plaisir qui se propageait jusqu'à son épiderme couvert de chair de poule.

Aujourd’hui, Maddy était très sage. Un peu trop peut-être ? A son goût.

Bien sûr, comme toujours, elle présentait un décolleté vertigineux qui, filmé en contre-plongée, exagérait volontairement le volume de sa poitrine déjà bien trop développée.
Bien sûr, comme souvent, elle portait une blonde perruque agrémentée de reflets colorés à rendre hystérique de jalousie un oiseau des îles.

Bien sûr, elle avait des pupilles beaucoup trop bleues pour être naturelles.

Tout en titillant inlassablement son chiffon de plastique à bulles, elle murmurait et susurrait de jolis mots en les poussant du bout de sa jolie langue pointue. Le souffle chaud qui sortait de ses lèvres colorées de vermillon humide venait caresser puis envelopper la tête boursouflée des micros.

— Hey Honey ! It's me... Maddy ! I hope you will love this vidéo ! You know ! L’A.S.M.R des Etoiles  !

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Elle ponctuait chacune de ses envolées lyriques par des gerbes de baisers qu’elle envoyait généreusement en soufflant sur les paumes de ses mains. Alan avait beau savoir qu’ils étaient peut-être des milliers à la regarder en même temps, il voulait croire qu’elle n'était là que pour lui, rien que pour lui !

Bien sûr, c’était une des reines des chaînes d’A.S.M.R.

D’après Wikipédia “A.S.M.R”., en anglais, Autonomous Sensory Meridian Response, pouvait se traduire en français par « Réponse Autonome Sensorielle Culminante ».

Alan avait découvert par hasard, pendant ses longues et interminables nuits, en surfant sur le web à la recherche de tutoriels de relaxation et de méditation, ces courts messages vidéo sur des chaînes YOUTUBE qui peuvent avoir des millions de “Fans”.

Maintenant, il en était complètement accro.
Une drogue douce et apaisante, mais sans les effets secondaires.

Dans ses abonnements, il en avait sélectionné toute une série sur laquelle il revenait régulièrement à la recherche de nouvelles vidéos.
Car la compétition entre les “YouTubeuses” de l’A.S.M.R. était sévère.
Les filles pouvaient gagner beaucoup d’argent par le biais de la pub et des placements de produits, grâce aux millions de vues enregistrées par leurs “followers”.

Alan partit à la recherche de quelques-unes de ses favorites, car les vidéos étaient vite consommées et donc renouvelées encore plus vite.
Bien souvent, il s’agissait de très jolies jeunes femmes qui, dans une mise en scène minimaliste, très intime, et dans un cadre photo serré, redoublaient d’imagination pour créer le stimulus A.S.M.R. Ce doux frisson qui parcourt tout votre corps en libérant votre respiration et en apaisant vos tensions et vos angoisses. Sensation que l’on peut aussi ressentir chez le coiffeur pendant un massage ou une friction du cuir chevelu avec une lotion rafraîchissante.

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C’était devenu son jardin secret, comme un amour caché, dans ses horribles moments de solitude nocturne, dans la chaleur torride des nuits d’étés comme dans le froid glacial des nuits d’hivers.

Toutes ces jeunes et jolies filles qui faisaient tant d’efforts pour lui donner ce plaisir à la limite du supportable comblaient son besoin et manque cruel d’affection. Il y en avait pour tous les goûts et fantasmes : blondes, brunes, rousses, grandes, petites, rondes ou fines. Mais, pour lui, sans conteste, c’était Maddy qui savait le mieux l’emporter dans ses univers.

Les déguisements punk-cosmiques et les décors intergalactiques qu'elle affectionnait tout particulièrement le transportaient toujours dans un rêve merveilleux semi-hypnotique où onirisme et projections futuristes se mélangeaient.

Soudain, le son brutal d’une publicité à pleine puissance, le sortit violemment de ce doux rêve à demi-éveillé dans lequel il se trouvait si confortablement installé.
Hébété, il chercha à nouveau l’heure affichée sur son computer.

Le temps avait passé si vite.

— Merde ! Le boulot !
Il était déjà à la bourre... Il allait finir par se faire virer, ça, c’était sûr !

Il s’extirpa de son bas de pyjama, et tout nu, se précipita dans la salle de bain.
Il fit sa toilette au plus vite : une brosse à dents qui frottait énergiquement dans la main gauche, une brosse à cheveux qui tirait rageusement dans la main droite.

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A suivre...

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L’A.S.M.R des Etoiles © Pat.Cosmixki 2021/2022