Chapitre 2.

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Après avoir fait trente fois le tour du jardin, qui était grand comme une cour de promenade de prison, il revint, anxieux, dans la cuisine, et poussa un ouf de soulagement : elle était toujours là!

— Alors tu t’es calmé, mon grand fou?

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Elle n’avait pas changé de tenue : string et talons hauts à semelles compensées en plastique transparent décorées de fleurs multicolores.

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— Tu t’es sauvé si vite, que je n’ai pas eu le temps de t’expliquer : le prix qui t’a fait si peur, c’est bien sûr avec tous les modules!

— Les modules?

— Oui, les options, quoi! Et en plus, le crédit, ce n’est pas fait pour les chiens! Remarque que si, un peu quand même!

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Doogy jappa deux fois comme pour acquiescer.

Elle éclata de rire.
— Tu vois, les robots chiens ont aussi de l’humour. Plus sérieusement, tu peux avoir le modèle de base, c’est-à-dire, moi-même, personnellement, en toute modestie – elle avait redressé le buste – pour seulement une poignée d’euros par mois. Tu as droit aussi à une période d’essai d’une semaine. Tu réalises un peu : huit jours en tête à tête avec tout ça!

— ....!
— Enfin quand je dis “tête à tête”, tu te doutes bien que ce n’est qu’une métaphore! Tom en bavait, dans ce qui lui restait de pâtes surgelées, comme un bœuf devant sa mangeoire.

Bien sûr, avec le crédit et présenté comme cela, la somme était beaucoup moins

conséquente, mais tout de même :
— Quand tu as parlé de modèle standard ou de série, qu’est-ce que tu as voulu

dire?
— C’est cela qui est formidable! Tu peux avoir l’androïde sexuel de base, le

module N°1, et si tu veux le perfectionner, il te suffit d’en rajouter!

— Des modules?

— Oui, des options! Un peu comme pour une Flying-Car, quand tu rajoutes la téléportation, le GPS de navigation interspatial, et la position en apesanteur pour les sièges arrière.

— Ah bon, ça existe?

— C’est génial ça! La position en apesanteur quand tu ramènes une copine à la maison. Tu n’as jamais essayé?

Elle sentait que le client commençait à mordre à l’hameçon.

— Tu vois! La Flying-Car de série, elle roule, elle vole, bref, elle fait tout ce qu’on lui demande, mais si tu veux la personnaliser ou l’améliorer, tu prends des options. Et les miennes, d’options, je ne te raconte pas...

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Elle avait redressé à nouveau ses imposantes sphères pectorales et passait une langue gourmande sur des lèvres bien trop sensuelles pour être naturelles.

— Tu peux me donner une idée des modules?
— Ah! Non! Ça, c’est une surprise, c’est tout l’intérêt de la chose.
— Et ça coûte combien?
— Mais t’es obsédé par le pognon toi! En tout cas, cela te coûtera beaucoup moins

cher que ton ex!
— Ça, c’est sûr!

— Bon écoute, tu peux même m’essayer pour une semaine et après tu vois. Ce n’est pas la peine d’engager des procédures à n’en plus finir si on n’a pas d’affinité. Tu as déjà eu une mauvaise expérience avec ta femme, ce n’est pas la peine d’en rajouter. En plus, il faut quand même que tu te décides assez vite, car la promotion finit dans quelques minutes...

— Ah ! Parce que tu es en PROMO! Donc tu pourrais coûter encore plus cher!

— Bravo! Formidable! Ça c’est un homme qui comprend vite! Tu verras, mon chéri, tu ne vas pas le regretter, tu vas passer la meilleure semaine de ta vie. Regarde, il te suffit d’afficher ta belle signature numérique 3D, en bas du bon de commande qui s’affiche là, et... J’ARRIVE!

— Mais comment tu viens?

— J’ai vu sur Doodle Map que tu avais un magnifique petit jardin, je peux m’y poser au milieu des fleurs dans une minute. Prépare-toi à venir me cueillir comme si j’étais la plus grande et la plus belle, mon grand fou!

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Le petit homme se frottait nerveusement les poings, ce qui était chez lui l’expression d’une lutte intérieure féroce.

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Elle le regardait maintenant avec ses jolis yeux bleus débordant de tendres promesses.

Il n’avait jamais remarqué qu'elle avait aussi des joues qui donnaient envie de la couvrir de baisers.

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Il ferma les yeux, serra la mâchoire, reprit cinq fois sa respiration et :

— Bon je vais peut-être bien essayer pour une semaine...

— BRAVO! JE SUIS À TOI DANS CINQ MINUTES! Applaudit Lisa NexXt. Le bon de commande et la facture s’affichèrent aussitôt.

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Pourquoi Tom eut-il l’impression étrange et soudaine que, pour la signature numérique, on lui avait un peu tenu et forcé la main?

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La projection s’évanouit pour se rallumer sur une autre annonce publicitaire vantant les mérites de toute une série de produits aphrodisiaques.

Le professeur de mathématiques haussa les épaules : avec une bombe pareille à la maison, sûr qu’il n’aurait pas besoin de toutes ces cochonneries.

Il porta la main à son front. Il était en sueur. Son cœur battait la chamade et les pâtes lui restaient déjà sur l’estomac.

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Il se précipita dans le jardin grand comme un parc pour enfant en se demandant si la merveilleuse n’allait pas atterrir chez le voisin, ce qui détruirait sa réputation dans le quartier pour une bonne dizaine d’années.

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À peine leva-t-il le nez au ciel, au soleil couchant et rougeoyant subitement voilé de gros nuages inquiétants, que le bruit reconnaissable entre mille d’un drone de livraison se fit entendre au loin.

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Tom, nerveux, se précipita vers le petit muret du voisin, au risque de marcher sur Big.T, le robot tondeur de gazon qui tournait en rond comme un prisonnier éternel dans sa cour de promenade avant de rentrer dans sa niche à panneaux solaire pour y refaire le plein d’énergie.

La bouche ouverte, le cœur dans les pantoufles, le professeur vit arriver au loin une silhouette féminine qui se balançait au bout d‘un filin, en frôlant les toits des petites maisons.

En signe de joyeux salut, elle agitait le bras resté libre.

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Arrivé sur la maison, l’impressionnant boomerang de livraison fit trois tours au- dessus de petite propriété, sous le contrôle critique d’une voisine qui avait le nez collé à sa vitre en permanence.

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Heureusement que Lisa NexXt avait revêtu le minimum décent : une mini robe rouge à peine retenue par le bout des seins, mais qui lui découvrait quand même généreusement le nombril et le bas du dos!

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Suspendue à son fil comme une poupée de son, elle tournoyait en danseuse aérienne, éblouissante de beauté provocante.

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Le drone se plaça au milieu de la pelouse qui était arrosée maintenant par Big.A le robot arroseur qui parfois se détournait malicieusement sur Doogy le chien robot qui lui répondait symboliquement en levant la patte.

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Arrivée juste au-dessus de la tête de Tom, Lisa se laissa glisser en rappel.

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Elle prit rapidement de la vitesse pour sauter sur le sol où elle se rétablit avec la grâce et la souplesse d’une panthère.

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À peine sur ses pieds, la Divine – puisque descendue du ciel – se précipita dans les bras de son charmant et nouvel amant!

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La voisine, dégoûtée, détacha son nez du carreau en leur tirant la langue.
Tom, lui, se fichait bien d’elle pour le moment.

Avec cette superbe créature dans les bras, il croyait défaillir de bonheur.

“Cette‘‘ androïde avait tout d’une jeune et splendide jeune femme : la douceur de peau, la fermeté du corps... et en prime, ce dont il rêvait depuis toujours, des seins énormes!

Pour le rassurer sur la qualité de la marchandise livrée, elle lui en fit contrôler la pression immédiatement.

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C’est la première fois qu’il sentit son cœur se décrocher.

 

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